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Entre tradition et innovation, le lin et le chanvre fleurissent à nouveau en Europe - Le futur du passé (The Good Goods, 08 janv. 2021)

Entre tradition et innovation, le lin et le chanvre fleurissent à nouveau en Europe - Le futur du passé (The Good Goods, 08 janv. 2021)

Après un passage à vide qui a bien failli en venir à bout, le lin et le chanvre font leur grand retour en Europe depuis quelques années. Le vieux continent redécouvre ses savoir-faire ancestraux mais aussi les capacités techniques impressionnantes de ces fibres qui commencent déjà à révolutionner la mode mais aussi des industries à priori moins évidentes, dont l’automobile. Comment le lin et le chanvre, deux filières millénaires et pratiquement disparues il y a encore 10 ans, sont parvenus à dépoussiérer totalement leur image pour devenir source d’innovation à l’échelle de l’Union Européenne?


 

Le chanvre et le lin : fleurons historiques de l’industrie européenne


 

Si le chanvre pousse à peu près partout sur la planète, le lin ne se fait pas à tous les climats et ne s’épanouit vraiment que dans certaines régions du monde, notamment en Europe de l’Ouest et en Europe centrale. Le climat du nord de la France et de la Belgique est notamment parfait pour sa culture. Il est difficile de dater le début du lin en Europe, mais on sait néanmoins qu’il figurait dans les priorités pour le développement agricole de la France de Charlemagne dès le VIIIe siècle. S’il est impossible d’estimer la superficie de lin et de chanvre cultivée par le passé en Europe, on sait que la Flandre et le tiers nord de la France ont longtemps demeurés industriellement spécialisés comme en témoignent les quelques 3 600 routoirs encore recensés au XIXe siècle autour de la seule ville de Lannion.


La grande histoire du chanvre se passe, elle, plus à l’est et notamment en Roumanie où la plante est cultivée depuis l’antiquité par les tribus Thraces. Sous l’ère soviétique, l’URSS y intensifie la culture de cette plante qu’on appelait alors à l’ouest “l’or de Roumanie”. Le pays devient une sorte de silicon valley du chanvre, le premier producteur au monde avec 56 000 hectares cultivés au début des années 1990. En comparaison, l’Union Européenne toute entière n’en cultive aujourd’hui plus que 36 000 hectares.


Le lin et le chanvre recouvrent les champs et occupent les usines européennes jusqu’au début du XXe siècle. Grâce à leurs qualités extraordinaires, elles sont alors des fibres de premier choix servant aussi bien à la confession de vêtements haut de gamme qu’à la fabrication de vêtements de travail, de linge de maison ou d’isolants thermiques pour le bâtiment.


Au cours du XXe siècle, pourtant, le lin souffre d’une image terne et perd de son attrait au profit du coton et des fibres synthétiques considérées alors comme plus modernes, économiques et mieux adaptées à une production industrielle en pleine croissance. De manière presque simultanée, la fin du chanvre en Europe de l’Est est, elle, actée par des décisions politiques guidées par le désir de se débarrasser d’une plante vue alors comme psychotrope et potentiellement dangereuse :


« En 2000, la Roumanie et d’autres pays d’Europe de l’Est ont totalement interdit la culture du chanvre et la production de produits à base de chanvre. La Roumanie comptait encore 38 usines capables de traiter les fibres de chanvres en 1999. Elles ont toutes disparu au cours des années 2000, tout comme les savoir-faire industriels qu’elles maintenaient en vie jusqu’ici. »


explique Ionuț Rus, fondateur de la marque roumaine De IONESCUqui conçoit et produit un vestiaire moderne 100 % en chanvre depuis Sibiu en Transylvanie.



Le 3e millénaire: la revanche du lin et du chanvre


Il aura fallu un siècle supplémentaire, et une catastrophe écologique à l’horizon pour que l’Europe prenne pleinement conscience de l’intérêt environnemental et économique de ces matières autrefois omniprésentes sur tout le continent.



Le lin et le chanvre permettent de raviver des savoir-faire séculaires


Depuis une dizaine d’années, le vieux continent renoue avec une partie de sa tradition industrielle. Le lin et le chanvre connaissent alors un nouveau boom sur les terres qu’ils occupaient jadis. Alors que la filière était encore en voie d’extinction à l’aube de l’an 2000, la production de lin croît de nouveau. Au cours des 5 dernières années, la surface de lin cultivé en France a augmenté d’environ 10 % chaque année. Une croissance pour le moins rapide qui permet aujourd’hui à la France de cultiver plus de 100 000 hectares de lin. La Normandie, berceau historique de cette matière, produit à elle seule 80 % du lin européen et 50 % du lin mondial.


Toutefois, en dehors des compétences purement agricoles, les savoir-faire industriels européens sont aujourd’hui en partie perdus. La France et l’Europe produisent de nouveau du lin, mais ne sont pas en mesure de traiter les fibres de A à Z. En conséquence, 90 % du lin produit en France est donc envoyé en Chine pour être filé ou tissé. L’essentiel de la production européenne de chanvre subit le même sort et doit passer par la Chine pour nous être rendue sous forme de fils ou de tissus. Heureusement, plusieurs initiatives se mettent doucement en place et tendent à réintégrer toute la chaîne de production en Europe, en retrouvant petit à petit les connaissances et les savoir-faire techniques. La France a rouvert sa première filature de lin en 2013. Une seconde devrait ouvrir en Normandie en 2021.


La Pologne développe également ses propres filatures et souhaite se positionner comme une alternative européenne aux filatures chinoises. Une partie du lin français y est déjà filé dans des usines dont les proportions n’ont rien à envier à leurs homologues asiatiques.


La relocalisation des filatures de lin et de chanvre en Europe n’est pas uniquement une question de chauvinisme industriel. Outre l’intérêt écologique des circuits courts, une production 100 % européenne permettrait également d’augmenter la qualité des produits finis. Depuis son atelier en Roumanie, Ionuț Rus explique :


« Les usines chinoises utilisent le même processus industriel pour filer le chanvre et le coton dont les fibres sont pourtant beaucoup plus courtes et fines. Par conséquent, les longues fibres de chanvre sont hachées et perdent leur intégrité. L’Europe avait autrefois le savoir-faire nécessaire pour filer le chanvre sans l’abîmer de cette façon. Pour De IONESCU, nous sommes parvenus à retrouver une des machines utilisées en Roumanie en 1953. Elle nous permet de filer le chanvre comme à l’époque en conservant l’intégrité de la fibre. »



Des moteurs pour l’innovation européenne


La mode est de loin l’industrie la plus importante pour les filières lin et chanvre. Environ 95 % des fibres produites en France servent à la confection textile. Que fait-on alors des 5 % restants ? La filière renaît de ses cendres n’est pas restée figée dans le conservatisme et l’immobilisme. Elle est aujourd’hui le moteur d’une nouvelle vague d’innovations techniques et contribue à repositionner l’Europe sur le podium des grandes Nations innovantes. L’Union Européenne mise une partie de sa croissance sur le lin et le chanvre et concentre ses efforts de recherche sur ces deux matières millénaires. Au nord de la France, le Projet FLOWER regroupe 4 industriels et une vingtaine de chercheurs et chercheuses des Universités de Bretagne Sud, de l’INRAE de Nantes avec le soutien des Britanniques de l’Université de Portsmouth et de l’Université de Cambridge. L’idée de ce projet Interreg transmanche est d’étudier les capacités techniques du lin pour étendre ses utilisations et parvenir à remplacer des matériaux plus polluants.


Alain Bourmaud, coordinateur du projet et ingénieur de recherche à l’Université de Bretagne Sud, développe : “Pour l’industrie automobile, nous avons, par exemple, mis au point un matériau en lin fin et non-tissé capable de remplacer les fibres de verre habituellement utilisées pour l’intérieur des véhicules. L’intérêt écologique est double : la production de matériaux de fibres de lin nécessite 5 fois moins d’énergie que la production du matériau équivalent en fibre de verre. Ensuite, le lin est beaucoup plus léger. Il réduit le poids du véhicule et donc ses dépenses en carburant.
Grâce aux travaux du Projet FLOWER, le lin pourra bientôt être utilisé pour remplacer des matériaux pétro-sourcés et dont le cycle de vie entier a un impact négatif fort sur l’environnement.
Pour le Projet FLOWER, nous travaillons également à la conception de nouveaux matériaux pour la fabrication de présentoirs à usage unique habituellement constitués de polymères pétro sourcés. Nous avons conçu un matériau alternatif plus responsable, composé à 60 % de lin et à 40 % de polymères biodégradables et compostables”.


Innovants, naturels et moins polluants, les matériaux à base de lin développés pour le Projet FLOWER sont aussi zéro déchet. Ils permettent en effet de revaloriser des fibres de lin dont la qualité n’est pas suffisamment bonne pour l’industrie textile. Après 3 ans de recherche, les scientifiques sont déjà parvenu·es à mettre au point des solutions solides et réalistes, aussi bien sur le plan technique que sur le plan économique, pour permettre d’éliminer certains matériaux polluants tout en gardant un niveau de performance égal voire supérieur : “Dans les matériaux que nous avons élaborés, les fibres de lin ont les mêmes qualités techniques que les fibres de verre, pour un coût de production équivalent. Elles peuvent donc être compétitives et s’imposer à terme.” précise Alain Bourmaud.


Côté chanvre, le Projet SSUCHY, porté par 5 partenaires académiques français (l’université de Franche-Comté, l’université de Bourgogne, le CNRS, l’École Nationale d’Ingénieurs de Tarbes, l’Ecole Nationale Supérieure Arts et Industries Textiles), une université italienne, deux britanniques, une belge et une suédoise, a pour objectif de développer des matériaux composites à partir de ressources renouvelables, durables et éco-responsables. Ses travaux, qui impliquent en grande partie le chanvre, s’appliquent particulièrement aux transports et aux secteurs de l’audio. En novembre 2020, les scientifiques du Projet SSUCHY ont, par exemple, présenté le premier prototype d’enceinte “verte”, conçue à base de chanvre et de mousse de PET recyclé. Un résultat que les scientifiques du projet SSUCHY présentent comme viable économiquement et avec des débouchés commerciaux tangibles.


Grâce aux recherches du Projet SSUCHY, le chanvre, comme le lin, s’apprête aussi à rendre l’industrie automobile un peu plus éco-responsable. Comme pour le Projet FLOWER, le Projet SSUCHY développe en ce moment un matériau à base de chanvre destiné à habiller l’intérieur des véhicules, notamment les coffres de voitures, en lieu et place des matériaux traditionnels en fibres de verre et polyuréthane.


 

Un article rédigé par Renaud Petit pour le magazine The Good Goods (08/01/2021)

 

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